Alors qu’en France le débat fait rage sur le port du voile intégral, burqa et niqab, entre les partisans d’une loi et ceux qui craignent une mise en cause de la religion musulmane, le député MR Denis Ducarme voudrait interdire le port du voile chez nos parlementaires.
Faut-il ou non autoriser le port du voile dans les hémicycles, lieux symboliques où les élus représentent l’ensemble de la nation ? Pour le député MR Denis Ducarme, un débat doit être lancé sur ce sujet.
"L’idée, à la Chambre en tout cas, est d’ouvrir le débat sur le port par des élus de signes religieux ostentatoires. Nous allons dans le cadre de la commission de révision du règlement de la Chambre discuter de ce que nous voulons par rapport à ce qui doit être et demeurer la neutralité de l’Etat au sein de cet hémicycle", a expliqué le député fédéral au micro de Nadia Bouria.
Mahinur Özdemir visée
Cette proposition de loi vise clairement Mahinur Özdemir, la plus jeune députée au parlement bruxellois élue sur la liste cdH. Agée de 26 ans, elle est également, la première députée voilée. Très populaire dans sa commune, cette Schaerbeekoise siège déjà voilée au conseil communal depuis trois ans et entend bien garder son foulard lors des séances parlementaires.
"Elle est élue aujourd’hui. Elle a la légitimité pour siéger au parlement. Donc, au niveau des règles de l’élection, tout est en ordre. Maintenant, les parlements doivent réfléchir à un certain nombre de règles d’organisation en leur sein par rapport à ces problèmes d’actualité qui concernent tous les cultes, toutes les religions, pas seulement l’islam", estime Denis Ducarme.
Aussi bien Mahinur Özdemir que son parti, le cdH, n’ont pas souhaité réagir. Au sein du parlement bruxellois, c’est le MR Philippe Pivin qui devrait ouvrir le débat sur le port du voile par les élus.
voir l'interview vidéo http://www.rtlinfo.be/rtl/Mahinur Ozdemir prêtera serment voilée
Belga
Doyenne de la nouvelle assemblée et qui le présidera à ce titre, Antoinette Spaak (MR) ainsi que le président sortant, Eric Tomas (PS), indiquent que rien ne dit dans le règlement qu'elle ne peut le porter.Mahinur Ozdemir, élue CDH au parlement bruxellois, prêtera serment voilée. Rien n'interdit dans le règlement qu'elle le fasse, écrivent lundi Le Soir et La Capitale. Le député Daniel Ducarme (MR) avait indiqué samedi au Soir qu'il entendait voir interdire aux élus le port de tout signe d'appartenance religieuse. Mme Ozdemir confirme qu'elle portera le voile, écrit La Capitale.
Doyenne de la nouvelle assemblée et qui le présidera à ce titre, Antoinette Spaak (MR) ainsi que le président sortant, Eric Tomas (PS), indiquent que rien ne dit dans le règlement qu'elle ne peut le porter.
"J'ai mes convictions, mais, s'il le faut, je prendrai les mesures que m'accorde mon statut de présidente désignée pour protéger mon assesseur, Mahinur Ozdemir, contre ceux qui voudraient l'empêcher de siéger sous prétexte qu'elle est voilée. Cela dit, il me semble que le parlement doit se pencher sur la question", dit Mme Spaak. Le MR semble vouloir imposer le débat. "La question mériterait un débat au bureau de l'assemblée, habilité à discuter du règlement. Car il faut mettre des limites, des balises et qui soient les mêmes pour tous", estime Françoise Bertieaux (MR) qui, a priori, ne voit pas d'objection à une femme voilée au parlement.
Le voile de la députée Özdemir dérange le MR
RICARDO GUTIERREZ
Le Soir lundi 22 juin 2009, 00:02
Chaude rentrée en vue, mardi après-midi, au parlement bruxellois. La séance d'installation sera coprésidée par Antoinette Spaak (MR), militante historique de l'émancipation féminine, et par Mahinur Özdemir (CDH), première députée voilée du pays, et même d'Europe continentale. La position du MR sur le port de signes religieux ou philosophiques par les élus suscite la polémique.
Antoinette Spaak entend préserver la sérénité des débats. Mais elle suggère d'emblée que le parlement devra trancher la question du port des signes religieux ou philosophiques par les élus…Le député fédéral Denis Ducarme (MR) confiait au « Soir », samedi, qu'il allait proposer une modification du règlement de la Chambre afin d'interdire le port de signes religieux ou philosophiques. Le député bruxellois Philippe Pivin suivra son exemple, au parlement de la région de Bruxelles-Capitale.
La sortie conjointe des libéraux suscite la polémique. Pas seulement au sein de la communauté musulmane. Le politologue Pierre Verjans (ULg) estime qu'exiger la neutralité de la part des élus est nuisible à la démocratie : « Les représentants du peuple sont élus pour leurs convictions politiques, philosophiques ou religieuses ; qu'ils les affichent ou pas n'y change rien. On ne leur demande pas d'être neutres. Et c'est heureux pour la démocratie ! »
L’Olivier n’a pas de problème avec le voile
BELGA
Le CDH, Ecolo et le PS n’ont pas de « problème » avec le fait que Mahinur Özdemir (CDH), première parlementaire voilée dans l’histoire du pays, copréside mardi l’installation de l’assemblée bruxelloise nouvellement composée. Le MR entend obtenir l’interdiction des signes ostentatoires. Les partis de l’olivier ne voient pas de nécessité de légiférer.
« Dans la mesure où nous vivons en démocratie représentative, les élus sont censés être les représentants de leurs électeurs. Par ailleurs, constitutionnellement, la liberté religieuse est garantie », a indiqué lundi le présidente du CDH, Joëlle Milquet. Celle-ci s’étonne de l’ampleur de la réaction à la prestation de serment de la députée de son parti alors qu’elle siège sans avoir suscité de remous au Conseil communal de Schaerbeek, aux côtés d’Isabelle Durant (Ecolo), Laurette Onkelinx (PS), et Bernard Clerfayt (MR) et qu’elle est diplômée de l’ULB. « Fondamentalement, il n’y a pas de problème », tranche Mme Milquet.
Pour le coprésident d’Ecolo Jean-Michel Javaux, également, « il ne faut pas créer de problèmes là où il n’y en a pas ». Rappelant que « nous sommes dans un Etat neutre et pas dans un Etat laïc », M. Javaux a rappelé le devoir de réserve qui s’impose au fonctionnaire qui rend service à l’usager. En revanche, « le Parlement doit être le reflet de la société », estime M. Javaux.
Même son de cloche au PS. « Cette personne a fait campagne en toute honnêteté. Elle est élue. Que, dans un parti, il y ait différentes convictions religieuses, on peut le comprendre. Autre chose serait de voir quelqu’un rendant service aux citoyens : dans l’administration, on se doit à l’impartialité ».
(Belga)
RICARDO GUTIERREZ
Bannir le voile des parlements nuit à la démocratie
Le Soir lundi 22 juin 2009, 06:32
Lire aussi : "Le voile de la députée Özdemir dérange le MR"
Idéalement – aucun démocrate n'en disconviendra –, une assemblée élue doit refléter la diversité du corps électoral qu'elle représente… Cosmopolite, Bruxelles s'est dotée d'un parlement régional intégrant 24 élus d'origine non européenne. Parmi eux, pour la première fois en Belgique, voire en Europe continentale : une députée voilée. Une élue qui affiche son appartenance à l'islam.
Le député fédéral MR Denis Ducarme fulmine : « Incompatible, dit-il, avec la sacro-sainte séparation de l'Église et de l'État. Intolérable dans un lieu comme un parlement où chacun a le devoir de ne pas afficher ses convictions privées, pour se montrer au contraire au service de la collectivité, dans son ensemble. »
Denis Ducarme propose, ni plus ni moins, de modifier le règlement de la Chambre pour interdire aux élus d'arborer tout signe religieux ou philosophique ostentatoire. Appel qui sera relayé par le MR au parlement bruxellois.
Une proposition de rupture, en fait, qui réjouit autant les activistes de l'athéisme que les intégristes de Belgique & Chrétienté. Car jusqu'à présent, le législateur a coulé des conditions d'éligibilité qui ouvrent la porte des assemblées au plus grand nombre. Il suffit d'être Belge, de jouir de ses pleins droits civils et politiques, d'avoir atteint l'âge de 21 ans (18 ans pour les parlements régionaux et communautaires) et d'être domicilié en Belgique (ou sur le territoire de la région concernée par le scrutin).
Rien de plus, rien de moins. En suggérant de nouveaux critères, peu objectifs ou sujets à contestation, c'est l'essence même du suffrage universel qui est remise en cause : certains citoyens – sous prétexte qu'ils portent un voile, une kippa, un turban, une croix trop visible ou le flambeau laïque à la boutonnière – ne seraient plus dignes de représenter la collectivité ? Pratiquer tel tri relève d'un formatage plus digne de Pyongang que d'une démocratie adulte.
Le port d'un signe religieux ou philosophique n'est pas plus une menace pour la qualité du service rendu à la population par un parlementaire que l'absence de port de signes religieux ou philosophiques n'est gage d'engagement citoyen à l'égard de l'électeur.
***************************
Députée voilée
Vervoort: "Cela aurait été différent pour une ministre"
Belga
Le fait qu'une élue porte le voile au parlement ne pose pas de problème, mais cela aurait été différent si elle avait été ministre, a affirmé lundi le chef du groupe PS au parlement bruxellois Rudy Vervoort. Parmi les élus du parlement bruxellois appelés à y prêter serment, mardi matin, Mahinur Özdemir, une jeune femme âgée de 26 ans, affichant ses convictions religieuses, fera sa première entrée dans l'hémicycle de l'assemblée régionale.
Elle siège depuis 3 ans au conseil communal de Schaerbeek en portant le voile, et ne compte pas renoncer à ce signe de croyance, en pénétrant mardi dans l'ancien Palais provincial du Brabant qui abrite le parlement bruxellois.
Pour Rudy Vervoort, le fait que la jeune élue porte le voile relève de sa liberté individuelle. "Elle n'est pas fonctionnaire, titulaire d'une part de la puissance publique. Mais c'eût été différent si elle avait été nommée ministre où si elle accédait à la magistrature", a-t-il commenté lundi matin.
Aux yeux de Rudy Vervoort, cette question relève par ailleurs aussi de la responsabilité du cdH.
Gosuin: le CDH prêt à rejouer la carte religion en politique
Belga
En autorisant une de ses représentantes à siéger au parlement en portant le foulard, le cdH accepte d'y réintroduire le religieux, revenant quelque 40 ans en arrière, a affirmé lundi matin le chef de file du MR bruxelloise Didier Gosuin, à l'agence Belga. Il n'est pas question de stigmatiser une personne et/ou une catégorie de personnes, ni d'ouvrir un débat précipité sur cette question, ajoute-t-il.
Parmi les élus du parlement bruxellois appelés à y prêter serment, mardi matin, Mahinur Özdemir, une jeune femme âgée de 26 ans, affichant ses convictions religieuses, fera sa première entrée dans l'hémicycle de l'assemblée régionale. Elle siège depuis 3 ans au conseil communal de Schaerbeek en portant le voile et ne compte pas renoncer à ce signe de croyance en pénétrant mardi dans l'ancien Palais provincial du Brabant qui abrite le parlement bruxellois. A l'occasion de cette première dans un parlement en Belgique, voire en Europe, le député fédéral Denis Ducarme et le député régional Philippe Pivin (MR) ont annoncé le dépôt de propositions de modification de règlement de leurs assemblées parlementaires respectives pour y faire interdire le port de signes religieux ou philosophiques distinctifs.
Intervenant lundi matin dans la polémique naissante, le chef de file du MR bruxellois, Didier Gosuin, a souligné que la question du port du foulard avait été posée au sein du MR. "Le Mouvement réformateur ne s'oppose pas à un débat serein à ce sujet. Mais comme l'a souligné le directeur du Centre pour l'Egalité des chances, cela ne peut avoir lieu dans la précipitation", a-t-il averti.
Aux yeux de Didier Gosuin, il n'est pas question de stigmatiser l'attitude d'une personne, en l'occurrence Mme Mahinur Özdemir, ni d'une catégorie de personnes. Par contre, le cdH porte une grande responsabilité dans la réintroduction du poids du religieux au parlement, estime-t-il. Pour le député-bourgmestre, "si par essence, le parlement n'est pas un lieu de neutralité politique, le cdH semble prêt à y réintroduire la carte du spirituel, revenant 40 ans en arrière lorsque le religieux exerçait une influence sur le politique".
Didier Gosuin a dit traduire en cela la position de tout le MR, notamment après en avoir parlé avec les principaux ténors du parti, MM. Didier Reynders, Louis Michel et Olivier Maingain.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire