lundi, mars 12, 2007

Suisse: négationnisme = racisme, un politicien turc condamné

Dogu Perinçek condamné pour discrimination raciale

Le président du Parti des travailleurs turcs est condamné à 90 jours-amende (100 francs par jour) avec sursis et à une amende de 3000 francs.


Dogu Perinçek est coupable de discrimination raciale pour avoir nié le génocide arménien. Le Tribunal de police de Lausanne a condamné vendredi le président du Parti des travailleurs turcs à 90 jours-amende (100 francs par jour) avec sursis et à une amende de 3000 francs.

La Cour demande au nationaliste turc de verser 1000 francs "symboliques" à l´Association Suisse-Arménie qui s´était constituée partie civile. Dogu Perinçek, 65 ans, devra s´acquitter également de 10 000 francs de dépens et de 5800 francs de frais de justice.

Acte intentionnel

Le leader turc est "un provocateur arrogant" qui connaissait la loi helvétique sanctionnant les propos négationnistes, a affirmé le juge Pierre-Henri Winzap. Sa venue en Suisse en 2005 pour déclarer que le génocide arménien est "un mensonge international" est un acte intentionnel.

Dogu Perinçek est "un raciste". Sa démarche "s´apparente à l´évidence à des motifs racistes et nationalistes", a poursuivi le juge. Il ne mérite "aucune circonstance atténuante".

Fait avéré

Le génocide arménien est "un fait historique avéré selon l´opinion publique suisse". Le fait que cette tragédie ne figure pas dans la liste des génocides officiellement reconnus par une Cour internationale n´empêche pas d´affirmer que c´est une réalité indubitable, a affirmé le juge.

La Cour a suivi ainsi le réquisitoire du parquet. Son verdict est une première que l´Association Suisse-Arménie attendait depuis longtemps. Si des instances politiques ont déjà reconnu le génocide des Arméniens, la justice ne s´était pas encore prononcée dans ce sens jusqu´à aujourd´hui.

Fossé infranchissable

Durant les deux jours d´audience, les thèses les plus radicalement opposées se sont affrontées. Dogu Perinçek, son avocat et ses témoins ont tous affirmé qu´il était faux de parler de génocide parce qu´il n´y avait pas eu en 1915 en Turquie d´élimination planifiée de la population arménienne.

Pour le procureur et la défense des Arméniens, le génocide est un fait avéré sans le moindre doute. La motivation raciste de Dogu Perinçek est également évidente car il reprend à son compte l´idéologie qui a entraîné dans la mort entre 1 et 1,5 millions de personnes.

Un politicien binational peut-il conserver sa nationalité d'origine une fois élu ?

J'ai suivi cette polémique néerlandaise depuis le départ, et ma position est que ce n'est pas parce que c'est un des chefs de file de la droite islamophobe et xénophobe néerlandaise qui a provoqué le débat (rejoint en Belgique par un député Vlaams Belang, comme il se doit) qu'il faut refuser de discuter de ce problème.

Car il y a bel et bien problème: il y a deux ans, un député fédéral belge du SP.A, le parti socialiste flamand, s'est absenté quelques jours pendant les vacances de Pâques pour aller faire... son service militaire en Turquie, qui n'a exceptionnellement duré que trois jours parce qu'" on a jugé plus utile à Ankara de faire usage de ma connaissance et de mon expérience en tant que parlementaire belge que de me faire perdre mon temps dans un uniforme militaire" ( De Standaard 04/06/2005).

Maintenant, on apprend que deux députés et une sénatrice d'origine marocaine, Khadija Arib (PvdA, Pays-Bas), Mohammed Boukourna (PS, Belgique) et Alima Boumediene (Verts, France), font partie d'un groupe de travail auprès d'un organe officiel marocain, le Conseil Consultatif des Droits de l'Homme.

La liste des membres de ce groupe de travail fait ressortir qu'il s'agit de citoyens marocains vivant au Maroc ou dans la diaspora, c'est donc bien en tant que ressortissants marocains que ces trois parlementaires néerlandais, belge et français, détenteurs d'une partie de la souveraineté nationale de leur pays de résidence, siègent dans un organe de l'Etat marocain.

Et il y a deux semaines, c'étaient 21 parlementaires européens, nationaux ou régionaux (Belgique, Allemagne, Danemark, Suède) et un secrétaire d'Etat régional (le socialiste bruxellois Emir Kir) d'origine turque qui se retrouvaient en Turquie pour discuter avec leur gouvernement (le turc, bien sûr) de l'entrée de la Turquie dans l'Union Européenne, entre autres choses.

Soyons toutefois clairs, il n'y a pas que pour les politiciens binationaux que le problème se pose: je ne sais pas si ceux des parlementaires juifs de France, de Belgique ou d'ailleurs qui se posent en défenseurs systématiques de l'Etat d'Israël ont ou non la nationalité israélienne en plus de celle de leur pays de résidence, je doute d'ailleurs que quelqu'un ose aller poser la question ouvertement à Viviane Teitelbaum, Claude Marinower ou à l'ex-député européen français François Zimeray.

Il y a en tout cas un problème important qui est posé en matière de participation politique des binationaux à un niveau parlementaire ou gouvernemental, en ce compris dans la haute fonction publique, les deux cas les plus extrêmes et totalement inadmissibles à mes yeux étant Marie-Françoise d'Anglemont de Tassigny , à la fois députée au parlement cantonal de Genève et élue à l'Assemblée des Français de l'étranger (ex-Conseil supérieur des Français de l'étranger) et Salomé Zourabichvili, passée du statut d'ambassadrice de France en Géorgie à... ministre des Affaires étrangères de Géorgie et actuellement chef d'un parti d'opposition.