mardi, juin 23, 2009

Plainte contre Mahinur Özdemir pour propos négationnistes

Aucun élu belge d'origine turque n'a publiquement reconnu l'existence du génocide arménien. Tous ceux qui se sont prononcés sur le sujet dans les médias turcophones basés en Belgique, l'ont fait dans le sens d'un soutien aux thèses négationnistes de l'Etat turc. Quant à ces médias turcophones de Belgique (tous exclusivement en turc), sites internet, périodiques imprimés, radios, ils véhiculent systématiquement ces mêmes thèses.

Dès lors, pourquoi ne s'attaquer qu'à Mahinur Özdemir ?

Pourquoi y a-t-il eu si peu de soutiens politiques (à part Ecolo et quelques libéraux, le PS et le CDH ne voulant pas se couper de leur électorat turco-négationniste potentiel) et associatifs (à part le MRAX, et encore, son président Radouane Bouhlal a essuyé de fortes critiques internes sur ce point) aux propositions d'étendre la législation réprimant le négationnisme aux génocides des Arméniens et des Tutsis rwandais ?

On attend encore depuis plusieurs années que Didier Reynders fasse le ménage au MR comme il s'y était engagé dans une interview, restent donc membres du MR l'échevin Sait Köse, les conseillers communaux Mustafa Öztürk et Sadik Köksal, et d'autres.

Et tant Joëlle Milquet qu'Elio Di Rupo n'ont jamais évoqué même du bout des lèvres de sanctionner, comme leurs homologues néerlandais du CDA et du PvdA, leurs élus ouvertement négationnistes, par exemple Emir Kir (qui a mis de l'eau dans son vin, en français en tout cas, sur le sujet, sans aller jusqu'au bout, surtout en turc), Sevket Temiz, Halis Kökten etc.

Pierre-Yves Lambert
Suffrage Universel 22 juin 2009

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Judiciaire

Plainte contre Mahinur Özdemir pour propos négationnistes

BELGA

Mis en ligne le 22/06/2009

Le Comité de Vigilance Citoyen a déposé plainte, lundi, auprès du Centre de l'égalité des chances et de la lutte contre le racisme (CECLR) contre la députée bruxelloise cdH Mahinur Özdemir pour des propos négationnistes au sujet du génocide arménien qu'elle aurait tenus dans un média turc en novembre 2007.

Le Comité de Vigilance Citoyen, qui s'était constitué à la suite de la mission de parlementaires wallons aux Etats-Unis, porte également plainte "subsidiairement" contre Joëlle Milquet, la présidente du cdH.

Il reproche à Mahinur Özdemir d'avoir tenu des propos négationnistes lors d'une interview, en turc, parue sur le site d'information www.belturk.be. Selon Olivier Baum, fondateur du comité, la jeune députée bruxelloise avait employé les termes de "prétendu génocide" et de "soi-disant génocide" des Arméniens, explique-t-il dans un communiqué.

Le CECLR confirme avoir reçu un "signalement" à ce sujet, mais il estime qu'avant de prendre position sur les propos attribués à la députée bruxelloise, "il convient de disposer de tous les éléments du dossier et d'analyser ceux-ci en profondeur".

Dans un communiqué, le Centre rappelle toutefois que la "loi négationnisme" du 23 mars 1995 sanctionne exclusivement la négation, la minimisation, la justification ou l'approbation du génocide commis par le régime national-socialiste allemand pendant la Seconde guerre mondiale.

Une nouvelle décision-cadre adoptée par le Conseil de l'Union européenne, le 28 novembre 2008, a ouvert le débat juridique sur la question de savoir si la Belgique doit envisager d'élargir la portée de cette loi, notamment à la négation du génocide arménien et à celle du génocide tutsi, souligne encore le CECLR.




Voile

Le cdH dit avoir toujours reconnu la réalité du génocide arménien

BELGA

Mis en ligne le 22/06/2009

La présidente du cdH Joëlle Milquet insiste dans un communiqué sur le fait qu'elle même et son parti ont toujours reconnu la réalité historique du génocide arménien.

Elle ajoute qu'elle dénonce l'excès de polémique outrancier et les amalgames faits autour de la jeune élue Mahinur Özdemir et appelle au calme et à une approche sereine et respectueuse à la veille de la rentrée parlementaire. Le Comité de Vigilance Citoyen a annoncé lundi qu'il avait déposé plainte auprès du Centre de l'égalité des chances et de la lutte contre le racisme (CECLR) contre la députée bruxelloise cdH Mahinur Özdemir pour des propos négationnistes au sujet du génocide arménien qu'elle aurait tenus dans un média turc en novembre 2007.

Le Comité a aussi déposé une plainte à l'encontre de la présidente du cdH. A ce propos, Mme Milquet se dit outrée et ajoute qu'elle se réserve la possibilité d'introduire une plainte pour diffamation à l'encontre des représentants dudit comité.

Le communiqué rappelle que Joëlle Milquet a déposé au Sénat le 8 octobre 1997 une proposition de résolution relative à la reconnaissance du génocide des arméniens de Turquie en 1915 et qu'elle s'est rendue personnellement à la cérémonie d'inauguration du monument dédié au génocide arménien.

Mme Milquet trouve "inacceptable d'être associée à toute forme de négationnisme quel qu'il soit". Le cdH a aussi réaffirmé sa position lors des débats parlementaires du 30 juin 2005 au cours desquels Clotilde Nyssens, alors sénatrice, a très clairement rappelé "haut et fort que pour le cdH, il est évident que le génocide est une réalité historique".

Par ailleurs, Joëlle Milquet dénonce l'excès de polémique outrancier et les amalgames faits autour de la jeune élue Mahinur Özdemir et appelle au calme et à une approche sereine et respectueuse à la veille de la rentrée parlementaire. "Trop is te veel ! ", conclut le communiqué.


Mahinur Özdemir: "Indécent et vicieux"

(La Dernière Heure 23/06/2009)

Après le voile, une plainte contre la jeune députée pour propos négationnistes

BRUXELLES La digne et hyper-brushée Antoinette Spaak aux côtés de la jeune et voilée Mahinur Özdemir... Le contraste risque d'être saisissant, ce mardi après-midi au Parlement bruxellois, dont la tradition veut que la doyenne et la plus jeune élue prêtent serment ensemble.

Le débat sur le port du voile dans l'hémicycle régional lancé avant-hier par le libéral Denis Ducarme a suscité moult réactions hier. Les formations de l'Olivier ont affirmé que la situation ne posait pas de problème particulier, tout en restant ouvertes à un débat de fond.

Un souhait rejoint par les libéraux - un rien décalés par rapport aux propos du fils Ducarme - qui souhaitent la tenue d'un débat serein, sans a priori ni tabou, élargi aux institutions publiques (lire par ailleurs).

Portée au-devant de l'actualité malgré elle, la jeune élue (26 ans) - très sérieuse conseillère communale voilée à Schaerbeek depuis 2006 - a par ailleurs été victime d'une autre attaque hier dans la journée.

Le Comité de vigilance citoyen a porté plainte au Centre pour l'égalité des chances contre la Schaerbeekoise - et "subsidiairement" contre la présidente du CDH Joëlle Milquet - au sujet de propos négationnistes sur le génocide arménien que la jeune élue aurait tenu fin 2007 sur le site Internet turcophone Belturk.be.

"Madame Özdemir y parle à deux reprises d'un "prétendu génocide" ou "d'un soit-disant génocide" des Arméniens, estimant par ailleurs que l'Union européenne ne devrait pas se mêler du sujet" , déclare Olivier Baum, du Comité de vigilance citoyen, voyant dans son action "la dernière possibilité d'obliger la députée Özdemir Mahinur et son parti [...] de formellement clarifier leurs positions respectives au sujet du génocide des Arméniens."

"À la veille de ma prestation de serment, je trouve cette attaque désolante et vicieuse" , s'émeut Mahinur Özdemir, qui admet néanmoins ne vraiment pas se souvenir si elle a tenu ou non de tels propos sur le site Internet turcophone. "Je cherche le sens caché de ces attaques."

Mathieu Ladevèze

"Affaire Mahinur" - revue de presse du 23 juin

Édito

Nouvel Edit de Nantes ?

La Libre Belgique Mis en ligne le 23/06/2009

Michel KONEN

En 1999, en Turquie, une élue du "Parti de la vertu", parti islamiste, prétend pénétrer au Parlement en portant le voile. Elle sera déchue de son mandat. La Turquie est le seul pays musulman à avoir organisé la séparation de la religion et de l’Etat, l’héritage de Mustafa Kemal Atatürk.

Faut-il, à Bruxelles, en 2009, se montrer moins sévère que la Turquie à l’égard des élu(e)s qui entendent afficher dans l’hémicycle des signes distinctifs quant à leurs opinions religieuses ?

Bruxelles n’est pas Ankara. Et nos traditions démocratiques ne sont pas celles de la Turquie. Pas plus que celles de l’Arabie Saoudite ou de l’Iran, pays qui appliquent, avec une rigueur qui exclut toute tolérance à l’égard de ceux qui ne partagent pas leurs convictions, la "charia", qui codifie à la fois les aspects publics et privés de la vie d’un musulman. Sous des modes différents, des espèces de régimes de droit divin, comme l’Europe en a connu jusqu’à la Révolution française.

Précisément, depuis deux siècles, les Etats occidentaux séparent, à juste titre, le pouvoir spirituel du pouvoir temporel. Et garantissent aussi, parallèlement, la liberté d’expression, y compris religieuse et laïque.

Et c’est parce que ces valeurs démocratiques sont fortes qu’il ne faut pas craindre que, dans l’enceinte parlementaire, ou peuvent et doivent s’exprimer librement toutes les opinions, y compris religieuses ou laïques, une députée affiche son appartenance.

Le contraire serait comme une révocation de l’Edit de Nantes !


3 QUESTIONS À Francis Delperée

C.Le

La Libre Belgique Mis en ligne le 23/06/2009

Sénateur CDH et constitutionnaliste

Y a-t-il une objection juridique à ce qu'une députée voilée prête serment ?

Je renverrai directement à la Constitution ! C’est elle qui fixe les conditions générales d’éligibilité et pour ce qui est de la Région de Bruxelles-Capitale, il y a des dispositions complémentaires dans une loi ad hoc. Je vois mal certains mandataires y introduire de nouvelles conditions. L’électeur a en effet choisi en fonction de ses options politiques, philosophiques ou religieuses qui s’inscrivent dans le cadre de nos libertés publiques. Cela dit, on ne peut comparer la situation des élus avec celle des fonctionnaires qui sont en contact avec le public qui doivent eux s’abstenir d’afficher leurs convictions.

Depuis la création de la Belgique, l'on a vu siéger des clercs en soutane.

Oui, si vous examinez les tableaux sur les prestations de serment royales au Parlement, vous remarquez leur présence. Des prêtres voire des religieux d’ailleurs qui ont participé activement aux travaux sans troubler personne.

Mais ne peut-on s'y opposer au nom de la laïcité de l'Etat ?

Là je renvoie à l’article 1er de la Constitution de la République française. Que dit-il ? Que la République est de fait laïque mais depuis la révolution, il ne fut pas rare de voir siéger des clercs en habits religieux. Et non des moindres comme l’abbé Emmanuel Joseph Sieyès, un des grands constitutionnalistes de l’époque que l’on identifie aisément dans les tableaux sur le Serment du Jeu de Paume dont il fut aussi un grand acteur. Plus près de nous, aucun responsable de l’Assemblée nationale française n’aurait eu l’outrecuidance d’exclure l’abbé Pierre de la Chambre française lorsqu’il y avait été élu


3 QUESTIONS À Bernard Clerfayt

An.H.

La Libre Belgique Mis en ligne le 23/06/2009

MR, bourgmestre empêché de Schaerbeek

Cela vous dérange de voir une députée voilée prêter serment ?

Non, de la même manière que cela ne m’a pas dérangé d’avoir une conseillère communale voilée. On a déjà eu le débat il y a 3 ans à Schaerbeek.

Quelle a été alors votre attitude ?

Dans une fonction de représentation du peuple, chacun le fait avec ses opinions. Le voile est un élément quelconque que chacun peut porter : il n’y a pas de restriction à la liberté qui doit exister à cet égard. En revanche, il y a restriction dans un nombre très limité de fonctions publiques comme enseignant, policier, guichetier à la commune Cela doit aussi être le cas dans les fonctions politiques de représentation de la collectivité, où il y a une obligation de respect de la multiplicité des opinions, des religions, des choix philosophiques Comme bourgmestre, je ne dois pas porter des signes indiquant que je ne serais que le bourgmestre de certains et pas des autres. C’est aussi vrai pour le président du Parlement.

Ne mène-t-on pas, le cas échéant, un faux débat ?

A Schaerbeek, Mahinur Özdemir porte son voile par choix personnel : on ne peut pas fantasmer sur une espèce de pression sociale du milieu ! Pour la connaître, je n’ai pas le souvenir qu’elle ait pris des positions inspirées par un prosélytisme musulman au conseil communal. Je peux même dire que j’ai entendu plus d’interventions d’autres élus masculins d’origine musulmane qui, sans porter de signes distinctifs, montraient dans leur ton une conception plus musulmane des choses qu’elle ! Elle est musulmane dans sa vie personnelle mais cela ne déborde pas dans le champ politique.


elections 09

Mahinur ne se dévoilera pas

Christian Laporte

La Libre Belgique Mis en ligne le 23/06/2009

Denis Ducarme voudrait interdire les signes religieux dans les assemblées. La question se posera concrètement au Parlement bruxellois ce mardi.

Samedi, Denis Ducarme, député fédéral MR, annonçait laconiquement qu’il allait déposer une demande de modification du règlement de la Chambre afin d’interdire aux député(e)s d’arborer tout signe religieux ou philosophique.

Le propos n’était point innocent à trois jours de l’installation ce mardi des nouvelles assemblées régionales qui pourraient être tentées d’en faire de même. Plus particulièrement à Bruxelles où, on le sait, une élue du CDH, Mahinur Özdemir, d’origine turque, a décidé de siéger avec son voile.

La question a fait débat lundi à la fois dans les partis politiques mais aussi dans les associations représentant la société civile.

Un constat : la proposition de Denis Ducarme - voir aussi pages 54 et 55 - a fait long feu puisqu’elle n’a même pas recueilli une adhésion unanime au sein de son propre parti, le MR. Mais les réformateurs n’en plaident pas moins pour un débat sur la question "de préférence au bureau de l’assemblée concernée", a estimé Françoise Bertieaux, "car il faut mettre des limites, des balises qui soient le s mêmes pour tous". Avant d’ajouter qu’a priori, elle ne voit pas d’objection à ce qu’une femme siège avec son hijab au Parlement. Toujours dans les rangs réformateurs, le FDF Didier Gosuin est monté au front en s’en prenant au CDH : "Il n’est pas question de stigmatiser l’attitude d’une personne, en l’occurrence Mme Mahinur Özdemir, ni d’une catégorie de personnes. Par contre, son parti porte une grande responsabilité dans la réintroduction du poids du religieux au Parlement. Si par essence, le Parlement n’est pas un lieu de neutralité politique, le CDH semble prêt à y réintroduire la carte du spirituel, revenant 40 ans en arrière lors que le religieux exerçait une influence sur le politique."

Un point de vue qui n’a pas vraiment été suivi dans les autres partis, notamment dans ceux qui négocient des Oliviers tant à Bruxelles qu’en Wallonie. Joëlle Milquet a ainsi demandé que "la réserve soit de mise pour éviter tout propos qui pourrait être ressenti comme discriminatoire ou vexatoire pour une partie de notre population". Les Ecolos bruxellois ont de leur côté déploré "l’instrumentalisation polémique du MR" à l’occasion de la prestation de serment alors qu’au nom du PS bruxellois, Rudy Vervoort, chef de file du groupe parlementaire, notait que "le fait de porter le voile relève de la liberté individuelle de la jeune élue. C’eût été différent si elle avait été nommée ministre ou si elle accédait à la magistrature".

La polémique serait-elle donc close ? Une certitude: ce mardi la présidente provisoire et doyenne d’âge de l’assemblée, Antoinette Spaak, mettra tout en oeuvre pour qu’elle ne redémarre pas ! "J’ai mes convictions et je suis de ceux qui pensent qu’il faut ouvrir un large débat sur la question, mais en tant que présidente de séance de l’installation du Parlement, je mettrai tout en oeuvre pour que mon assesseur, Mahinur Özde mir, puisse siéger normalement !" Un réflexe féminin ? La séance inaugurale sera prise en main par les "filles d’Eve" puisque le bureau provisoire comprendra encore la députée Open VLD Els Ampe.

En tout état de cause, le Parlement bruxellois issu du scrutin du 7 juin devrait donc installer ses 89 membres en se tenant à une "neutralité inclusive" pour paraphraser le commentaire d’Edouard Delruelle, le président du Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme


http://blogs.politique.eu.org/religionetlaicite/20090622_le_voile_de_mahinur.html#forum10727

En prenant connaissance des intentions des parlementaires MR Philippe Pivin et Denis Ducarme, ma réaction spontanée fut d’évoquer deux chansons que j’affectionne. L’une de Jacques Brel : "Salut à toi Dame Bêtise, toi dont le règne est méconnu !" et l’autre de Georges Brassens : " Le temps ne fait rien à l’affaire, quand on est c... on est c...".

Ainsi donc voilà deux élus se prétendant libre-exaministes qui lancent une croisade au nom d’une approche idéologique.Quelle contradiction ! Espèrent-ils susciter ainsi une plus grande adhésion aux principes de laïcité de l’Etat ?

Voilà les nouveaux inquisiteurs qui voudraient empêcher une élue du peuple de siéger parce qu’elle n’a pas les mêmes idées philosophiques qu’eux. Je suis consterné et inquiet, moi qui croyait que la laïcité consistait notamment à lutter contre ses préjugés.

Si je trouve dommage que cette élue de ma commune cache son sourire et son dynamisme sous un voile, je n’ai cependant qu’une seule chose à faire c’est de la respecter, même si je ne voterai jamais non plus pour elle. Si un jour elle devait quitter l’approche démocratique qui est la sienne aujourd’hui, je n’aurai qu’une seule chose à faire : la combattre, par l’argumentation et le débat politique. Comme il sied en démocratie.

Peut-on encore espérer que de vrais libéraux fassent s’arrêter cette entreprise réactionnaire ?

Jean-Paul Gailly



"Affaire Mahinur" - réactions d'organismes, mouvements et associations

(pour les Français: le Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme est un peu l'équivalent belge de la Halde, le MRAX celui du MRAP)

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COMMUNIQUE DE PRESSE

Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme

22 juin 2009


Port du voile dans une assemblée parlementaire : réaction du Centre

Le Centre est régulièrement interpellé à propos de la question du port du foulard islamique. Cette question revient aujourd’hui dans l’actualité à l’occasion de la prestation de serment des élus du parlement bruxellois qui se déroulera ce mardi 23 juin. Elue sur les listes CDH, Mahinur Ozdemir siégera en effet voilée. Ce choix a d’ores et déjà suscité le dépôt de propositions de modification du règlement des assemblées parlementaires pour y faire interdire le port de signes religieux ou philosophiques distinctifs.

A cet égard, le Centre rappelle les points suivants :

  • La liberté de manifester ses convictions est un des fondements de notre société démocratique. Aucune liberté n’est cependant absolue, elle peut souffrir de limitations, mais toujours circonscrites et justifiées.

  • La neutralité de l’Etat est également un principe fondamental de notre société. Il ne peut être remis en cause, même si les manières d’envisager cette neutralité font débat. Pour rappel, la neutralité de l’Etat et de ses agents se déduit des articles 19, 20 et 21 de la Constitution. Sa définition n’a pas, à ce jour, été arrêtée sur un plan juridique. Elle peut néanmoins se concevoir sous une forme exclusive (interdiction de tout signe convictionnel) ou inclusive (acceptation) – ou encore ‘mixte’ (exclusive dans certains cas, inclusive dans d’autres). Le Centre souhaite à ce sujet qu’un large débat ait lieu, fondé sur l’harmonisation interculturelle et le plus grand respect des convictions de chacun. Le Centre rappelle également que le principe de laïcité de l’Etat (indépendance totale du politique par rapport à toute option religieuse ou philosophique particulière) n’est pas reconnu explicitement dans la Constitution belge.

Ce débat relatif à la neutralité de l’Etat ne s’applique cependant pas à la situation de la députée bruxelloise. Le Centre tient en effet à préciser que les membres des assemblées parlementaires ne sont pas des fonctionnaires et ne peuvent être « politiquement neutres ».

Le parlement est par excellence « le » lieu de débat où les élus doivent pouvoir défendre divers courants de pensée et exprimer des convictions très différentes en jouissant d’une liberté d’expression la plus large possible. La jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'Homme ne laisse aucun doute à cet égard1

Selon Edouard Delruelle, « le Centre s’étonne des propositions de modification du règlement des assemblées parlementaires qui semblent en décalage avec l’objectif premier de débat démocratique qui doit se tenir au sein des enceintes parlementaires ». Le directeur francophone du Centre ajoute que « les réactions entendues à la veille de la prestation de serment de Madame Mahinur Ozdemir ne sont pas la meilleure manière d’accueillir une élue d’un parti démocratique. Ce n’est pas non plus un signe positif envers ses électeurs, qu’ils soient musulmans ou non. »

Le Centre rappelle par ailleurs qu’il publiera en novembre un outil visant à informer chacun sur ses droits et ses devoirs autant qu’à aider les pouvoirs publics à aborder la question des signes d’appartenance « convictionnelle », de la manière la plus constructive et à envisager d’éventuelles modifications de la législation.

Service presse du Centre :

Nadine Brauns (FR) – nadine.brauns@cntr.be – 02 212 3015 (gsm 0475 3333 89)

Eef Peeters (NL) – eef.peeters@cntr.be – 02 212 3005 (gsm 0498 77 10 46)

www.diversite.be

1 "Le critère de 'neutralité politique' ne saurait s'appliquer à des députés de la même façon qu'à d'autres agents de l'Etat, les premiers, par définition, ne pouvant pas être 'politiquement neutres'". ( CEDH, Zdanoka c. Lettonie, § 117)

"Il serait contradictoire de soumettre l'exercice d'un mandat qui vise à représenter au sein du Parlement différentes visions de la société à la condition d'adhérer au préalable à une vision déterminée du monde" (CEDH, Buscarini et autres c. Saint-Marin, § 39)

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Une musulmane « visible » au Parlement bruxellois ?

Un non-événement…

Communiqué de presse du 22 juin 2009

Mme Mahinur Ozdemir vient d’être élue au Parlement régional bruxellois. Celles et ceux qui ont voté pour elle, l’ont fait en pleine connaissance de cause. Elle ne l’a jamais caché : telle elle se présente dans la vie de tous les jours, telle elle siège déjà au Conseil communal de Schaerbeek, telle elle siègera au Parlement bruxellois…. c’est-à-dire, entre autres traits de sa personnalité, en portant un foulard islamique. Au même titre que de nombreux démocrates attachés à une conception ouverte et pluraliste de la démocratie, le MRAX se réjouit de ce que la diversité de la société bruxelloise, en ce compris sa diversité religieuse, se manifeste tout naturellement à travers son assemblée représentative.

Mais, manifestement, cette diversité a des limites pour MM. Denis DUCARME et Jacques PIVIN, Députés MR respectivement au Parlement fédéral et au Parlement bruxellois, qui veulent interdire le « port de signes religieux ostensibles » par les élus dans les enceintes parlementaires, et ce au prétexte de la neutralité de l’État !

La neutralité de l’État, le MRAX y est bien sûr attaché. Elle signifie que tout acte posé par une autorité politique ou administrative doit respecter les grands principes du service public, à savoir l’égalité de traitement et d’accès. Cette neutralité se mesure aux actes posés et ne peut se préjuger de la manière dont tel ou tel fonctionnaire public exprime, le cas échéant, son identité religieuse.

En outre, un parlementaire n’est pas un fonctionnaire public. En tant que tel, il ne remplit aucune fonction d’autorité et n’a de pouvoir sur personne. Ce seront ses votes qui devront concourir à la définition de l’intérêt général. Il n’y aucune raison de présumer que, sous prétexte de son foulard, Mme Mahinur OZDEMIR favoriserait plus ses coreligionnaires que tel autre parlementaire, sa commune ou son groupe social d’origine par exemple. Il n’y a donc aucun argument raisonnable pour limiter son droit fondamental à la liberté d’expression ou la liberté de religion, telles que consacrées par notre Constitution et nos Conventions internationales.

Pour le MRAX, l’élection d’une musulmane qui pratique et exprime sa foi telle qu’elle l’envisage librement, devrait être un non-événément. Il serait temps que le port du foulard, dans l’espace public comme dans diverses fonctions publiques ou privées, devienne un fait banal témoignant d’un « vivre-ensemble » décrispé. Ceux qui ont décidé de faire de ce foulard l’enjeu d’une croisade à répétition au nom de quelques grands principes dévoyés, porteront la responsabilité d’affrontements dont notre société a tout l’intérêt à faire l’économie.



Contacts :

Radouane BOUHLAL, Président, radouane.bouhlal@gmail.com - +32 (0) 475/75.14.89.

Didier de LAVELEYE, Directeur, didier.delaveleye@mrax.be - +32 (0) 2/209.62.59.

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http://www.lesoir.be/actualite/belgique/deputee-voilee-la-reaction-2009-06-22-713894.shtml

Députée voilée : la réaction des associations

BELGA

lundi 22 juin 2009, 17:14

Réactions Le débat naissant autour de la prestation de serment, mardi au parlement bruxellois, de la députée CDH Mahinur Özdemir « stigmatise une fois encore la femme musulmane voilée comme étant un problème », affirme le MRAX. Le Centre pour l’Egalité des Chances rappelle pour sa part que le parlement est le lieu de neutralité par excellence, où les députés ont le droit d’exprimer leurs convictions.

Face à la polémique qui s’annonce sur le port du voile dans les assemblées parlementaires, le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme (CECLR) plaide pour un large débat public sur la « neutralité inclusive ».

« Alors que Denis Ducarme plaide pour la neutralité exclusive en demandant de s’abstenir de porter le voile, le CECLR appelle à un large débat sur la neutralité inclusive : dans certains lieux, comme les parlements, ne peut-on pas accueillir les différentes formes de convictions et de croyances, si tant est qu’elles soient démocratiques ? », s’interroge Edouard Delruelle, président du CECLR.

Les députés MR fédéral Denis Ducarme, et régional Philippe Pivin ont annoncé le dépôt de propositions de modification de règlement de leurs assemblées parlementaires respectives pour y faire interdire le port de signes religieux ou philosophiques distinctifs. Mahinur Özdemir, jeune députée CDH d’origine turque, prêtera serment mardi devant le parlement bruxellois, la tête couverte du hidjab.

« Le parlement n’est-il pas par excellence le lieu de neutralité où les députés peuvent exprimer ce qu’ils font ? », poursuit M. Delruelle, rappelant la liberté d’expression des élus.

Radouane Bouhlal, président du Mrax (Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie), parle pour sa part de « situation invraisemblable » et réfute une atteinte au principe de neutralité. Mahinur Özdemir « n’a pas menti à ses électeurs. Elle a fait sa campagne voilée et elle a été élue comme elle est, pour ce qu’elle est ».

La présidente du Conseil des femmes francophones de Belgique, Magdeleine Willame, rejoint cette position, mais n’exclut pas un débat sur le sujet.

Mahinur Özdemir a « suffisamment averti ses électeurs potentiels par ses affiches la montrant avec le foulard qu’il en serait ainsi une fois élue », dit-elle, ajoutant qu’« établir un débat parlementaire sur le sujet, au niveau fédéral comme au niveau des entités fédérées, pourrait clarifier définitivement le débat ».

Dans ce contexte, le CECLR lancera, dès le mois de septembre, un site internet d’informations et de recommandations sur les signes convictionnels présents dans tous les champs de la vie sociale. « Il faut éviter qu’il y ait une politique de deux poids deux mesures », souligne M. Delruelle, qui se demande si d’autres signes ostentatoires (croix chrétienne, flambeau laïc, triangle rouge qui marque la lutte contre l’extrême droite, etc.) seront désormais interdits au sein des assemblées.

Sur le plan symbolique, il regrette par ailleurs l’accueil réservé à cette jeune députée, élue démocratiquement. « Il s’agit aussi d’un signe plutôt négatif par rapport aux électeurs en général, qu’ils soient musulmans ou pas ».

Pour le Centre d’Action Laïque (CAL), qui milite depuis toujours pour une séparation claire des Eglises et de l’Etat, les élus ne peuvent quant à eux « raisonnablement pas être assimilés à des agents de l’Etat ». « Ils sont, par définition, porteurs de tendances, qu’il s’agisse de celles de leur parti ou de celles, personnelles, sur lesquelles ils ont rallié les suffrages des électeurs », explique Yves Kengen, directeur de la communication du CAL.

L’Exécutif des musulmans de Belgique n’a pour sa part pas souhaité se prononcer sur le débat naissant, évoquant sa responsabilité limitée à l’aspect temporel du culte.

Enfin, l’association féministe Vie Féminine rappelle sa position « non passionnée et respectueuse des femmes », qui ne penche ni en faveur ni en défaveur du voile, mais qui vise à « donner la parole aux femmes et favoriser l’autonomie de leur choix dans cette question qui touche à leur statut d’individu et de femme ».

(belga)


Les libéraux plutôt discrets

(La Dernière Heure 23/06/2009)

L'Olivier estime qu'il s'agit d'une non-affaire. Associatif et MR veulent lancer le débat de fond

BRUXELLES Réactions en tous genres, la plupart dans le même sens, hier aux propos de Denis Ducarme (MR) sur le port du voile dans l'hémicycle régional. Revue des points de vue.

Mrax . Denis Ducarme "stigmatise une fois encore la femme musulmane voilée comme étant un problème". Une "situation invraisemblable" , selon le président du Mrax Radouane Bouhlal.

Centre pour l'égalité des chances . "Alors que Denis Ducarme plaide pour la neutralité exclusive en demandant de s'abstenir de porter le voile, le CECLR appelle à un large débat sur la neutralité inclusive : dans certains lieux, comme les Parlements, ne peut-on pas accueillir les différentes formes de convictions et de croyances, si tant est qu'elles soient démocratiques ?"

Magdeleine Willame, présidente du Conseil des femmes francophones de Belgique . Mahinur Özdemir a "suffisamment averti ses électeurs potentiels par ses affiches la montrant avec le foulard qu'il en serait ainsi une fois élue".

Rudy Vervoort , PS. "Elle n'est pas fonctionnaire, titulaire d'une part de la puissance publique. Mais c'eût été différent si elle avait été nommée ministre où si elle accédait à la magistrature."

Écolo . "Il ne saurait être question de prendre un règlement visant à discriminer une élue en particulier, qui plus est en préjugeant du sens que revêt pour elle ledit foulard et, partant, de la manière dont elle entend exercer son mandat."

Jean-Michel Javaux . "Il ne faut pas créer de problèmes là où il n'y en a pas. Nous sommes dans un État neutre et pas dans un État laïc. Le Parlement doit être le reflet de la société."

MR . "Nous demandons un débat sans a priori et constructif. Ouvert aux institutions telles que l'école, les administrations publiques, etc."

Joëlle Milquet . Prendre les élus "pour ce qu'ils sont et ont dans la tête et non pour ce qu'ils peuvent avoir sur la tête".

M. L.

lundi, juin 22, 2009

Mahinur Özdemir cible de tirs groupés du MR

Denis Ducarme contre le port du voile par les élus

Alors qu’en France le débat fait rage sur le port du voile intégral, burqa et niqab, entre les partisans d’une loi et ceux qui craignent une mise en cause de la religion musulmane, le député MR Denis Ducarme voudrait interdire le port du voile chez nos parlementaires.

RTL dim 21 juin, 22:22

Faut-il ou non autoriser le port du voile dans les hémicycles, lieux symboliques où les élus représentent l’ensemble de la nation ? Pour le député MR Denis Ducarme, un débat doit être lancé sur ce sujet.

"L’idée, à la Chambre en tout cas, est d’ouvrir le débat sur le port par des élus de signes religieux ostentatoires. Nous allons dans le cadre de la commission de révision du règlement de la Chambre discuter de ce que nous voulons par rapport à ce qui doit être et demeurer la neutralité de l’Etat au sein de cet hémicycle", a expliqué le député fédéral au micro de Nadia Bouria.

Mahinur Özdemir visée

Cette proposition de loi vise clairement Mahinur Özdemir, la plus jeune députée au parlement bruxellois élue sur la liste cdH. Agée de 26 ans, elle est également, la première députée voilée. Très populaire dans sa commune, cette Schaerbeekoise siège déjà voilée au conseil communal depuis trois ans et entend bien garder son foulard lors des séances parlementaires.

"Elle est élue aujourd’hui. Elle a la légitimité pour siéger au parlement. Donc, au niveau des règles de l’élection, tout est en ordre. Maintenant, les parlements doivent réfléchir à un certain nombre de règles d’organisation en leur sein par rapport à ces problèmes d’actualité qui concernent tous les cultes, toutes les religions, pas seulement l’islam", estime Denis Ducarme.

Aussi bien Mahinur Özdemir que son parti, le cdH, n’ont pas souhaité réagir. Au sein du parlement bruxellois, c’est le MR Philippe Pivin qui devrait ouvrir le débat sur le port du voile par les élus.

voir l'interview vidéo http://www.rtlinfo.be/rtl/news/thickbox_video_player/article_251393/251366/?ids=MjUxMzY2&videoSite=rtl


Mahinur Ozdemir prêtera serment voilée

Belga

Mis en ligne le 22/06/2009

Doyenne de la nouvelle assemblée et qui le présidera à ce titre, Antoinette Spaak (MR) ainsi que le président sortant, Eric Tomas (PS), indiquent que rien ne dit dans le règlement qu'elle ne peut le porter.

Mahinur Ozdemir, élue CDH au parlement bruxellois, prêtera serment voilée. Rien n'interdit dans le règlement qu'elle le fasse, écrivent lundi Le Soir et La Capitale. Le député Daniel Ducarme (MR) avait indiqué samedi au Soir qu'il entendait voir interdire aux élus le port de tout signe d'appartenance religieuse. Mme Ozdemir confirme qu'elle portera le voile, écrit La Capitale.

Doyenne de la nouvelle assemblée et qui le présidera à ce titre, Antoinette Spaak (MR) ainsi que le président sortant, Eric Tomas (PS), indiquent que rien ne dit dans le règlement qu'elle ne peut le porter.

"J'ai mes convictions, mais, s'il le faut, je prendrai les mesures que m'accorde mon statut de présidente désignée pour protéger mon assesseur, Mahinur Ozdemir, contre ceux qui voudraient l'empêcher de siéger sous prétexte qu'elle est voilée. Cela dit, il me semble que le parlement doit se pencher sur la question", dit Mme Spaak. Le MR semble vouloir imposer le débat. "La question mériterait un débat au bureau de l'assemblée, habilité à discuter du règlement. Car il faut mettre des limites, des balises et qui soient les mêmes pour tous", estime Françoise Bertieaux (MR) qui, a priori, ne voit pas d'objection à une femme voilée au parlement.

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Le voile de la députée Özdemir dérange le MR

RICARDO GUTIERREZ

Le Soir lundi 22 juin 2009, 00:02

Chaude rentrée en vue, mardi après-midi, au parlement bruxellois. La séance d'installation sera coprésidée par Antoinette Spaak (MR), militante historique de l'émancipation féminine, et par Mahinur Özdemir (CDH), première députée voilée du pays, et même d'Europe continentale. La position du MR sur le port de signes religieux ou philosophiques par les élus suscite la polémique.

Antoinette Spaak entend préserver la sérénité des débats. Mais elle suggère d'emblée que le parlement devra trancher la question du port des signes religieux ou philosophiques par les élus…

Le député fédéral Denis Ducarme (MR) confiait au « Soir », samedi, qu'il allait proposer une modification du règlement de la Chambre afin d'interdire le port de signes religieux ou philosophiques. Le député bruxellois Philippe Pivin suivra son exemple, au parlement de la région de Bruxelles-Capitale.

La sortie conjointe des libéraux suscite la polémique. Pas seulement au sein de la communauté musulmane. Le politologue Pierre Verjans (ULg) estime qu'exiger la neutralité de la part des élus est nuisible à la démocratie : « Les représentants du peuple sont élus pour leurs convictions politiques, philosophiques ou religieuses ; qu'ils les affichent ou pas n'y change rien. On ne leur demande pas d'être neutres. Et c'est heureux pour la démocratie ! »



L’Olivier n’a pas de problème avec le voile

BELGA

lundi 22 juin 2009, 12:15

Le CDH, Ecolo et le PS n’ont pas de « problème » avec le fait que Mahinur Özdemir (CDH), première parlementaire voilée dans l’histoire du pays, copréside mardi l’installation de l’assemblée bruxelloise nouvellement composée. Le MR entend obtenir l’interdiction des signes ostentatoires. Les partis de l’olivier ne voient pas de nécessité de légiférer.

« Dans la mesure où nous vivons en démocratie représentative, les élus sont censés être les représentants de leurs électeurs. Par ailleurs, constitutionnellement, la liberté religieuse est garantie », a indiqué lundi le présidente du CDH, Joëlle Milquet. Celle-ci s’étonne de l’ampleur de la réaction à la prestation de serment de la députée de son parti alors qu’elle siège sans avoir suscité de remous au Conseil communal de Schaerbeek, aux côtés d’Isabelle Durant (Ecolo), Laurette Onkelinx (PS), et Bernard Clerfayt (MR) et qu’elle est diplômée de l’ULB. « Fondamentalement, il n’y a pas de problème », tranche Mme Milquet.

Pour le coprésident d’Ecolo Jean-Michel Javaux, également, « il ne faut pas créer de problèmes là où il n’y en a pas ». Rappelant que « nous sommes dans un Etat neutre et pas dans un Etat laïc », M. Javaux a rappelé le devoir de réserve qui s’impose au fonctionnaire qui rend service à l’usager. En revanche, « le Parlement doit être le reflet de la société », estime M. Javaux.

Même son de cloche au PS. « Cette personne a fait campagne en toute honnêteté. Elle est élue. Que, dans un parti, il y ait différentes convictions religieuses, on peut le comprendre. Autre chose serait de voir quelqu’un rendant service aux citoyens : dans l’administration, on se doit à l’impartialité ».

(Belga)



RICARDO GUTIERREZ

Bannir le voile des parlements nuit à la démocratie

Le Soir lundi 22 juin 2009, 06:32


Lire aussi : "Le voile de la députée Özdemir dérange le MR"

Idéalement – aucun démocrate n'en disconviendra –, une assemblée élue doit refléter la diversité du corps électoral qu'elle représente… Cosmopolite, Bruxelles s'est dotée d'un parlement régional intégrant 24 élus d'origine non européenne. Parmi eux, pour la première fois en Belgique, voire en Europe continentale : une députée voilée. Une élue qui affiche son appartenance à l'islam.

Le député fédéral MR Denis Ducarme fulmine : « Incompatible, dit-il, avec la sacro-sainte séparation de l'Église et de l'État. Intolérable dans un lieu comme un parlement où chacun a le devoir de ne pas afficher ses convictions privées, pour se montrer au contraire au service de la collectivité, dans son ensemble. »

Denis Ducarme propose, ni plus ni moins, de modifier le règlement de la Chambre pour interdire aux élus d'arborer tout signe religieux ou philosophique ostentatoire. Appel qui sera relayé par le MR au parlement bruxellois.

Une proposition de rupture, en fait, qui réjouit autant les activistes de l'athéisme que les intégristes de Belgique & Chrétienté. Car jusqu'à présent, le législateur a coulé des conditions d'éligibilité qui ouvrent la porte des assemblées au plus grand nombre. Il suffit d'être Belge, de jouir de ses pleins droits civils et politiques, d'avoir atteint l'âge de 21 ans (18 ans pour les parlements régionaux et communautaires) et d'être domicilié en Belgique (ou sur le territoire de la région concernée par le scrutin).

Rien de plus, rien de moins. En suggérant de nouveaux critères, peu objectifs ou sujets à contestation, c'est l'essence même du suffrage universel qui est remise en cause : certains citoyens – sous prétexte qu'ils portent un voile, une kippa, un turban, une croix trop visible ou le flambeau laïque à la boutonnière – ne seraient plus dignes de représenter la collectivité ? Pratiquer tel tri relève d'un formatage plus digne de Pyongang que d'une démocratie adulte.

Le port d'un signe religieux ou philosophique n'est pas plus une menace pour la qualité du service rendu à la population par un parlementaire que l'absence de port de signes religieux ou philosophiques n'est gage d'engagement citoyen à l'égard de l'électeur.


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Députée voilée

Vervoort: "Cela aurait été différent pour une ministre"

Belga

Mis en ligne le 22/06/2009

Aux yeux de Rudy Vervoort (ndPYL chef du groupe PS au Parlement régional, bourgmestre d'Evere), cette question relève par ailleurs aussi de la responsabilité du cdH.

Le fait qu'une élue porte le voile au parlement ne pose pas de problème, mais cela aurait été différent si elle avait été ministre, a affirmé lundi le chef du groupe PS au parlement bruxellois Rudy Vervoort. Parmi les élus du parlement bruxellois appelés à y prêter serment, mardi matin, Mahinur Özdemir, une jeune femme âgée de 26 ans, affichant ses convictions religieuses, fera sa première entrée dans l'hémicycle de l'assemblée régionale.

Elle siège depuis 3 ans au conseil communal de Schaerbeek en portant le voile, et ne compte pas renoncer à ce signe de croyance, en pénétrant mardi dans l'ancien Palais provincial du Brabant qui abrite le parlement bruxellois.

Pour Rudy Vervoort, le fait que la jeune élue porte le voile relève de sa liberté individuelle. "Elle n'est pas fonctionnaire, titulaire d'une part de la puissance publique. Mais c'eût été différent si elle avait été nommée ministre où si elle accédait à la magistrature", a-t-il commenté lundi matin.

Aux yeux de Rudy Vervoort, cette question relève par ailleurs aussi de la responsabilité du cdH.


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Gosuin: le CDH prêt à rejouer la carte religion en politique

Belga

Mis en ligne le 22/06/2009

Didier Gosuin a dit traduire en cela la position de tout le MR, notamment après en avoir parlé avec les principaux ténors du parti, MM. Didier Reynders, Louis Michel et Olivier Maingain.

En autorisant une de ses représentantes à siéger au parlement en portant le foulard, le cdH accepte d'y réintroduire le religieux, revenant quelque 40 ans en arrière, a affirmé lundi matin le chef de file du MR bruxelloise Didier Gosuin, à l'agence Belga. Il n'est pas question de stigmatiser une personne et/ou une catégorie de personnes, ni d'ouvrir un débat précipité sur cette question, ajoute-t-il.

Parmi les élus du parlement bruxellois appelés à y prêter serment, mardi matin, Mahinur Özdemir, une jeune femme âgée de 26 ans, affichant ses convictions religieuses, fera sa première entrée dans l'hémicycle de l'assemblée régionale. Elle siège depuis 3 ans au conseil communal de Schaerbeek en portant le voile et ne compte pas renoncer à ce signe de croyance en pénétrant mardi dans l'ancien Palais provincial du Brabant qui abrite le parlement bruxellois. A l'occasion de cette première dans un parlement en Belgique, voire en Europe, le député fédéral Denis Ducarme et le député régional Philippe Pivin (MR) ont annoncé le dépôt de propositions de modification de règlement de leurs assemblées parlementaires respectives pour y faire interdire le port de signes religieux ou philosophiques distinctifs.

Intervenant lundi matin dans la polémique naissante, le chef de file du MR bruxellois, Didier Gosuin, a souligné que la question du port du foulard avait été posée au sein du MR. "Le Mouvement réformateur ne s'oppose pas à un débat serein à ce sujet. Mais comme l'a souligné le directeur du Centre pour l'Egalité des chances, cela ne peut avoir lieu dans la précipitation", a-t-il averti.

Aux yeux de Didier Gosuin, il n'est pas question de stigmatiser l'attitude d'une personne, en l'occurrence Mme Mahinur Özdemir, ni d'une catégorie de personnes. Par contre, le cdH porte une grande responsabilité dans la réintroduction du poids du religieux au parlement, estime-t-il. Pour le député-bourgmestre, "si par essence, le parlement n'est pas un lieu de neutralité politique, le cdH semble prêt à y réintroduire la carte du spirituel, revenant 40 ans en arrière lorsque le religieux exerçait une influence sur le politique".

Didier Gosuin a dit traduire en cela la position de tout le MR, notamment après en avoir parlé avec les principaux ténors du parti, MM. Didier Reynders, Louis Michel et Olivier Maingain.