jeudi, mars 22, 2012

France - Pas encore d'évolution significative vers une représentation des minorités à l'Assemblée nationale


La technique qui a consisté au PS (et à l'UMP en 2007) à "réserver" des circonscriptions pour des candidats d'origine non-européenne ("de la diversité"), par conséquent "parachutés" contre la volonté des sections locales, prouve que les responsables de ce parti sont bien conscients du conservatisme de leurs membres sur ce plan - et non de l'électorat, comme le montrent les résultats des cantonales, pourtant avec le même mode de scrutin -, et qu'il est illusoire de s'attendre à l'émergence "naturelle" de tels candidats à court terme.
On constate par ailleurs qu'en 2007 sur une trentaine de candidats PS ou UMP issus de l'immigration non européenne et des DOM-TOM seuls 3 (PS) étaient présentés dans une circonscription déjà détenue par leur parti, et que dans 2 de celles-ci ce sont des dissidents du même parti qui l'ont emporté. La situation est plus favorable en 2012, avec environ 40 candidats de ce type présentés (22 ou 23) ou soutenus (3 EELV, 1 PRG) par le PS ou l'UMP (13), même si le redécoupage des circonscriptions rend plus difficile la comparaison. On notera que l'UMP a investi à Paris une candidate martiniquaise, Nathalie Fanfant, contre la socialiste et guadeloupéenne George Pau-Langevin, l'instrumentalisation de l'origine de la candidate UMP est évidente.
En 2012, huit candidats de gauche (sept socialistes et un écologiste) sont tout de même quasiment assurés (sauf cas de candidature PS dissidente, comme en 2007) de siéger à l'Assemblée nationale (qui comptait 557 députés métropolitains en 2007) parce que présentés dans des circonscriptions précédemment détenues par le PS ou dont les cantons correspondants sont détenus par le PS: Henri Jibrayel (PS, député sortant) à Marseille , Kheira Bouziane (PS) à Dijon, Kader Arif (PS, eurodéputé) en Haute-Garonne, Christian Assaf (PS) à Montpellier, Slimane Tir (EELV) à Roubaix, Hélène Geoffroy (PS) à Vaulx-en-Velin, Malek Boutih (PS) dans l'Essonne et Yacine Djaziri (PS) à Nanterre (Jacqueline Fraysse, FASE, ex-PCF, ne se représente pas).  
Le PS doit s'interroger sur son mode de fonctionnement interne, que ce soit le rôle des "courants" ou la taille et la représentativité sociologique de ses sections locales, qui ne promeut manifestement pas suffisamment le renouvellement et la "diversification" des dirigeants et des élus. On peut par ailleurs s'étonner de certains cumuls, qui ne favorisent certainement ni la "diversité" ni le renouvellement, entre mandats parlementaires et présidences ou vice-présidences de régions.

Enfin, par comparaison avec la Belgique, la moyenne d'âge des candidats aux législatives fédérales de 2010 était située entre 40 et 50 ans, l'âge moyen des députés belges pendant les législatures 1999-2003 et 2003-2007 était de 47 ans. En France,l'âge moyen des députés est de 59 ans, 254 ont moins de 60 ans, autant ont entre 60 et 70 ans, 51 ont même entre 70 et 90 ans. Au PS belge, l'article 68 des statuts prévoit que "La limite d'âge pour toute candidature à un quelconque mandat est fixée impérativement à 65 ans au jour du scrutin électoral (communal, provincial, régional, communautaire, fédéral ou européen) ou de la désignation pour les mandats qui ne sont pas pourvus par élection." 

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