Réflexions shaïtanesques
La libération de Mohamed Boulif a été une nouvelle soulageante pour moi, mais elle n'effacera pas l'arrestation et la détention arbitraires pendant neuf jours: ma confiance en l'état de droit belge en a pris un coup, même si je n'étais pas un naïf avant ça.
Désormais, je me dis qu'un jour un juge pourrait bien débarquer chez moi avec une escouade de policiers, fouiller mon appartement de fond en comble, prendre des caisses de documents (ils auront besoin d'un camion) et mon disque dur, et me mettre à l'ombre pendant autant de temps qu'ils en ont envie, simplement parce que l'une ou l'autre crapule qui n'apprécie pas ma personne ou ce que j'écris, ou les deux (et il n'en manque pas), et qui bénéficie d'une oreille complaisante auprès de la Ministre de la "Justice" m'aura accusé de n'importe quel délit ou crime de son imagination, preuves fabriquées à l'appui.
Je le disais encore ce soir dans une interview à un blogueur, après ce qui s'est passé je comprendrai facilement que certains militants considèrent qu'ils peuvent s'affranchir du cadre légal belge dans leur action politique dès lors qu'un dissident, un rebelle qui a affronté le pouvoir en place en respectant les règles, est devenu un prisonnier politique sous couvert de droit commun, sur base de fausses accusations et d'une ingérence politique dans la procédure judiciaire.
Je ne suis pas sûr que tout le monde mesure bien la gravité de ce qui s'est passé, c'est d'une nature beaucoup plus inquiétante et importante que la condamnation et la détention de Bahar Kimyongür par exemple, qui a pourtant suscité bien plus de réactions militantes alors que ce dernier a bien mérité une sanction pénale pour avoir été actif dans une organisation terroriste, même si le rôle effectif qu'il y a joué ne méritait certainement pas une sanction aussi lourde, une peine légère avec sursis aurait dû suffire.
En fin de compte, quand un brave homme honnête, respectueux de la loi, pacifique et non-violent, qui a toujours payé de sa personne sans regarder à la dépense, se retrouve 9 longs jours derrière les barreaux, on se dit que s'il avait été casser la gueule de Kissi ou de Guenned dans la ruelle derrière la place Rouppe il aurait été moins sanctionné par la justice...
Pierre-Yves LAMBERT
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