Lusojornal, Paris, 19/3/09
Chronique d’opinion
Tous les blancs ne sont pas égaux entre eux
■ Pascal de Lima
Professor em Sciences-Po Paris, économista na Altran Financial
On évoque souvent en France, les difficultés que peuvent rencontrer les minorités pour occuper des vraies fonctions politiques à responsabilité.
Ce raisonnement d’apparence limpide, a pourtant tendance à n’inclure que les minorités «visibles» tout en excluant un très grand nombre de Français issus de l’immigration économique mais de type ethnique «caucasien/européen».
Le XXème siècle fut en effet rythmé par diverses vagues d’immigration économique, de provenances toujours plus larges et diverses et dont les populations, indépendamment de leurs origines, durent, faut-il le rappeler, s’intégrer dans la société française. La consternation vient d’une nouvelle forme de discrimination:
Lorsque des associations de minorités mettent en avant leur absence dans les hautes sphères de la politique, elles ne parlent que des «blacks» et des «beurs», éventuellement des femmes ou des homosexuels; mais, pardon, quid des 10 millions de français «caucasien/européen» arrivés sur notre territoire entre 1936 et aujourd’hui
sans parler de la communauté portugaise et luso-descendante qui peut être estimée à 3 millions dans sa globalité???
Et bien c’est très simple: ils sont tout aussi peu présents ou représentés, parfois même tout simplement absents, ce qui est le cas de la communauté portugaise et lusodescendante pour prendre un exemple. Les associations de lusodescendants ou même encore d’Européens de l’Est venus s’installer dans la foulée de l’élargissement de
l’Europe ne sont pas considérées comme des partenaires crédibles pour la construction d’un projet politique et, si vous proposez un tel programme à l’un des grands partis nationaux, votre projet sera reçu avec mépris, ou si vous avez de la chance, humour.
Certains, dans la foulée de ces déclarations, seraient tentés de brandir haut et fort le drapeau du communautarisme, mais lequel, de quoi parle t-on? Qui applique le mieux ce raisonnement communautariste?
Les minorités non visibles, incapables d’obtenir des places éligibles sur les listes électorales des plus grands hémicycles de la république française? Ou bien ces français, issus de la bourgeoisie, ayant suivi les bons cursus, formatés jusqu’à 18 ans et qui continuent à se partager les postes comme au bon vieux temps de Deferre. Une solution à cela: présentez-vous dans les petites communes. C’est plus discret.
Ne sont ils pas là, la connivence et le socio-népotisme?
La France a changé: sa population est moins homogène, mieux éduquée mieux informée. Les canaux de dissémination de l’information se sont démultipliés et déclinés formant des réseaux complexes. Est-il normal de continuer à gouverner de la même façon, c'est-à-dire en brandissant haut et fort les sirènes de la discrimination par un bout de la lorgnette alors que la partie invisible de l’iceberg est le résultat de la grande machine à discriminer?
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